Article écrit par Morgane Abchée et Caroline Sinna-Boulant, ostéopathes

Comment l’ostéopathie peut soulager et accompagner les personnes atteintes d’endométriose ? Ici on redonne des infos sur l’endométriose et on explique le rôle de l’ostéopathie comme soin de support face à cette maladie. Que ce soit lors des douleurs de règles ou durant le cycle menstruel, l’ostéopathie fait partie des traitements recommandés par la Haute Autorité de Santé.

Les chiffres clés de l’endométriose

  • L’endométriose est une maladie gynécologique chronique affectant 10 à 20% des femmes en âge de procréer (dès les premières règles jusqu’à la ménopause)
  • Une maladie taboue, encore méconnue des professionnels de santé mais aussi du grand public et dont le diagnostic moyen est entre 7 et 10 ans.
  • Une maladie qui cause des douleurs physiques ET psychiques. Les répercussions psychologiques de celle-ci peuvent atteindre non seulement la sphère personnelle, conjugale, professionnelle mais aussi sociale de la personne. L’ostéopathie a toute sa place pour accompagner les femmes atteintes d’endométriose.

Qu’est ce que l’endométriose ?

Quel est le mécanisme douloureux ?

L’inflammation provoque des adhérences autour des organes touchés. Ce phénomène est responsable de multiples douleurs lors des règles (dysménorrhées) mais également tout au long du cycle.

A terme cette inflammation vient irriter les terminaisons nerveuses à proximité. Ceci provoque une perte de mobilité des structures environnantes. Notamment des ligaments (utéro-sacré par exemple). S’ensuit à la longue une perte de mobilité du bassin. Ce manque de mobilité pourra provoquer des douleurs pelviennes, lombaires, abdominales ; mais aussi lors de la défécation (dyschésie) ou des rapports sexuels (dyspareunies superficielles ou profondes). 

Le système nerveux étant continuellement irrité par l’inflammation, les nerfs touchés vont envoyer un message douloureux au cerveau. Se développe alors une mémoire de la douleur au niveau des circuits de transmissions (des nerfs vers le cerveau). Le cerveau va alors développer une hypersensibilité qui augmentera l’information douloureuse chez ces femmes (endofrance). 

Selon les endroits de fixation des cellules, différents symptômes peuvent également apparaître tels que : 

  • des signes urinaires : notamment des difficultés à évacuer les urines (dysuries), infections urinaires à répétition, fuites urinaires spontanées, fuites urinaires à l’effort, sensation de vessie toujours pleine etc. 
  • des signes digestifs : ballonnements, constipations, diarrhées, spasmes ou crampes intestinaux, 
  • de fortes fatigues (asthénie),  
  • des difficultés à concevoir un enfant (infertilité) chez 30 à 40% de femmes.

Si ces signes sont fréquents et si vous notez une corrélation entre ceux-ci et votre cycle, n’hésitez pas à en parler à votre gynécologue. L’imagerie permet le plus souvent d’établir le diagnostic notamment en réalisant une échographie ou IRM.

  

Quelles sont les différentes formes d’endométriose ?

Au terme des examens d’imagerie nous pouvons classer l’endométriose en différents types :

  • L’ADÉNOMYOSE : localisation de l’endométriose dans le muscle de l’utérus.
  • L’ENDOMÉTRIOSE SUPERFICIELLE : localisée uniquement sur le péritoine pelvien.
  • L’ENDOMÉTRIOSE OVARIENNE : l’endométriome ovarien est un kyste de l’ovaire 
  • L’ENDOMÉTRIOSE PROFONDE AVEC OU SANS ATTEINTE DIGESTIVE : peut toucher typiquement les ligaments utéro-sacrés (50 % des cas), le cul-de-sac vaginal postérieur (15 %), l’intestin (20-25 %), la vessie (10 %), les uretères (3 %) et au delà de la cavité pelvienne, le sigmoïde, le côlon droit, l’appendice et l’iléon terminal pour les localisations les plus fréquentes.

Quels sont les traitements ? Comment l’Ostéopathie fait-elle partie des traitements de l’endométriose ?

En fonction des symptômes, des lésions, des résultats souhaités et du choix du patient, différents traitements pourront être proposés.

Parmi les traitements courants figurent les traitements médicamenteux : 

  • Moyens de contraception hormonaux (pilule continue) grâce auxquels les règles sont évitées. Les lésions d’endométrioses disséminées sur les organes vont saigner en même temps que les règles et créer de micros hémorragies dans le ventre. Le fait d’empêcher la survenue des règles permettra d’éviter ce phénomène et limiter les douleurs.  
  • Seront également utilisés des traitements moins connus tels que les anti-épileptiques ou certains antidépresseurs. Ces derniers ne sont pas choisis pour leur action antidépressive mais pour action antalgique indépendante.  
  • Une intervention chirurgicale peut éliminer les lésions, amas de tissus et tissus cicatriciels associés à l’endométriose. Cependant, les lésions peuvent réapparaître après avoir été éliminées, et des anomalies dans les muscles du plancher pelvien peuvent contribuer à des douleurs pelviennes chroniques. 
  • Étude en cours : “le traitement chirurgical mini invasif de l’endométriose rectale par les ultrasons focalisés de haute intensité (HIFU)”. Ce traitement consiste à introduire une sonde par voie endorectale et à focaliser des ultrasons vers les lésions endométriosiques afin de les dévitaliser. 
  • Une bonne hygiène de vie : sport, alimentation anti-inflammatoire, un bon sommeil…
  • Les soins de support : c’est ici que l’ostéopathie intervient pour donner du confort et soulager les douleurs, également la kinésithérapie, diététique/nutrition, naturopathie, hypnose, sophrologie, acupuncture, médecine chinoise….

Quel est le rôle de l’ostéopathie lors d’endométriose ?

Le but de la prise en charge en ostéopathie est d’améliorer la qualité de vie des patientes et de soulager les douleurs en redonnant souplesse et mobilité aux différentes structures du corps et en apaisant le système nerveux.

L’ostéopathie permet de réharmoniser et retrouver l’équilibre des différents systèmes du corps (organes, ligaments, articulations, vaisseaux, etc). Elle permet également de relâcher le système nerveux en levant les contraintes sur les nerfs. Les techniques craniennes et au niveau du bassin permettent d’apaiser le système nerveux central.

Lorsque les facias, muscles et ligaments qui entourent l’utérus retrouvent leur élasticité, ils s’adaptent et sont flexibles lors des contractions utérines. Lors des règles les contractions de l’utérus ne tireront donc plus autant sur tout le bassin. En redonnant souplesse et mobilité aux tissus du bassin, les contractions utérines durant les règles seront bien moins douloureuses.

Par des techniques viscérales et des mobilisations douces, l’ostéopathie aide à réduire les adhérences et les inflammations qui causent les douleurs.

Le rôle de l’ostéopathe est de travailler sur les zones en perte de mobilité dans le but de leurs redonner du mouvement, limiter l’inflammation et par conséquent diminuer l’irritabilité constante du système nerveux. 

Il est important de notifier que chaque cas d’endométriose est différent, le traitement est adapté en fonction de chaque patiente ! 

DIFFERENTES APPROCHES DE TRAVAIL OSTEOPATHIQUES QUI SOULAGENT L’ENDOMETRIOSE :

Approche mécanique« La structure gouverne la fonction » : Pour ce faire, l’ostéopathe peut travailler sur le système musculo-squelettique en redonnant de la mobilité aux structures de la région lombo pelvienne (sacrum, coccyx, iliaques, pubis, fémurs et lombaires) mais également aux muscles qui s’y insèrent. Les organes sont rattachés aux os via des structures ligamento-fasciales. Ainsi, une fois la mobilité osseuse de la région pelvienne rétablie, l’ostéopathe redonnera de la souplesse et de l’élasticité aux enveloppes des organes et à leurs attaches à l’aide de techniques dites viscérales et myofasciales.  

Équilibration des pressions abdomino-pelvienne : Travailler sur les différents diaphragmes (le plancher pelvien ou périnée, le diaphragme respiratoire et la tente du cervelet) peut permettre d’équilibrer les pressions de la région abdomino-pelvienne et ainsi optimiser la bonne mobilité viscérale. Leurs mouvements sont rythmés par la respiration et travaillent en synergie.

Approche vasculaire : Les restrictions de mobilité des structures provoquent une mauvaise vascularisation ainsi qu’une perte de fonction des tissus incriminés. Le fait de lever les dysfonctions mécaniques retrouvées dans la zone va permettre de favoriser l’afflux et le retour sanguin. De plus, en stimulant le système artériel et veineux, nous allons chercher à éviter le phénomène de « stagnation de sang » présent dans la région abdominale et améliorer le retour lymphatique. 

Approche du système nerveux : Nous pouvons également travailler sur les zones parasympathiques (crâne et sacrum) dans le but de rééquilibrer le système nerveux qui est stimulé par le phénomène inflammatoire de l’endométriose et ainsi abaisser le niveau de stress du corps accumulé par les douleurs.

Quels résultats par l’ostéopathie sur l’endométriose ?

Recommandée

La Haute Autorité de Santé et le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens de France recommandent l’ostéopathie pour accompagner les personnes atteintes d’endométriose.

Efficace

Les dernières études sur l’impact de l’ostéopathie sur les douleurs d’endométriose démontrent une amélioration de la qualité de vie des patientes et considèrent l’ostéopathie comme une option de traitement efficace.

Démontrée

Une enquête auprès de 127 praticiens en fasciathérapie présente cette technique comme étant efficace pour diminuer les douleurs d’endométriose. La fasciathérapie est largement utilisée par les ostéopathes qui travaillent en techniques douces.

QUEL IMPACT L’OSTEOPATHIE PEUT AVOIR SUR L’ENDOMÉTRIOSE ?

  • les dysménorrhées (douleurs de règles), certaines femmes les voient disparaître après des consultations d’ostéopathie, 
  • un cycle menstruel plus régulier
  • des SPM (syndromes pré-menstruels) nettement diminués voire inexistants
  • une amélioration du confort digestif et urinaire
  • une diminution des douleurs inflammatoires, abdominales et pelviennes
  • la diminution de la prise médicamenteuse
  • la diminution des douleurs lombaires et pelviennes durant le cycle et pendant les règles
  • certaines femmes affirment avoir pu tomber enceinte après des manipulations ostéopathiques
  • une meilleure mobilité du bassin, du corps entier et des articulations
  • une amélioration des ressentis du corps
  • une diminution des tensions nerveuses du corps, du stress ressenti par les douleurs       

⇒ tout ceci résume en une amélioration de la qualité de vie 

Combien de séances d’ostéopathie faut-il prévoir pour soulager l’endométriose ?

En général un traitement de fond de 2 à 3 séances environ est bénéfique puis une séance tous les 3 mois parait être un bon timing pour que le corps garde son équilibre. A adapter selon chaque personne.

Avec Morgane Abchée, nous nous sommes spécialisées dans l’ostéopathie pour soulager les douleurs de règles, les douleurs aux rapports sexuels, les douleurs gynécoloques et l’endométriose.

Si vous avez des douleurs d’endométriose, soulagez-vous avec un RDV d’ostéopathie

L’endométriose dans l’actualité

Le 11 janvier 2022, l’état Français a lancé la stratégie nationale de lutte contre l’endométriose : investir dans la recherche, faciliter l’accès aux soins, diminuer le temps de diagnostic, améliorer la connaissance du grand public et des professionnels de santé.

Après quelques années de recherche, une société française (Ziwig) a créé un test salivaire afin de diagnostiquer l’endométriose plus rapidement. Cette nouveauté est appelée ‘Endotest”. Il permettra de donner un résultat au bout de 10 jours grâce à un échantillon salivaire qui sera envoyé en laboratoire. Il repose ensuite sur le séquençage à haut débit des micro ARN présents dans la salive. Cependant avant d’être proposé aux patientes il devra être validé par la Haute Autorité de Santé.  Pour le moment, nous ne savons pas à quelle hauteur ce test sera remboursé par la sécurité sociale et le prix de celui-ci n’a pas été communiqué. 

Se documenter sur l’endométriose

Livres 

  • « Endométriose : ce que les autres pays ont à nous apprendre » de Marie-Rose Galès
  • « Les idées reçues sur l’endométriose » de Charles Chapron et Yasmine Candau
  • « Ni folles, ni douillettes » : BD de Floriane Gissat
  • « Tout sur l’endométriose » de Dr Delphine Lhuillery, Dr Erick Petit et Eric Sauvanet 

Associations 

Blog

  • https://endometriosemonamour.tumblr.com/


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